Je suis intervenue au sein de l'unité de soin en psychogériatrie, sujets âgés atteint de troubles psychiques ou psychologiques, à Bélid à l'HUG de Genève.
Je dédis ce texte aux personnes souffrants de troubles cognitifs et à leurs aidants familiaux, ainsi qu'aux professionnels de santé qui les accompagnent.
J'aimerais que tu te souviennes
J'aimerais que tu te souviennes de ce qui nous unit au-delà des mots.
De ce petit quelque chose de rien du tout qui donnait un sens à la vie, à ma vie à tes côtés.
Tu sais......ses effleurements de nos doigts, de nos mains qui se touchent, se frôlent, s'attachent, se délient. Ces instants volés au temps qui passe, au temps qui fout le camp qui glisse entre les rides de nos visages.
J'aimerais que tu te souviennes de nos regards lumineux, profonds, chargés du lien qui nous unissait et nous lient à tout jamais, pour l'éternité.
Aujourd'hui, je n'y trouve plus la trace des réponses que tu m'offrais lorsque je m'abandonnais dans tes yeux, lorsque je m'égarais, lorsque ta présence et ton regard soutenaient mes traversées intérieures.
J'aimerais que tu te souviennes, là où tu vis en ce moment, dans ce monde singulier, troublant, où j'ai peine à te rencontrer, que je suis là. Je n'ai jamais cessé d'être là, au centre de nous deux.
Tu n'es plus comme avant et tu m'offres le présent de me souvenir plus profondément de la beauté de nos élans de cœur.
Tu me portes à l'exigence d'honorer la trace de notre lien, de revenir à toi, riche de ces offrandes Âme..oureuses.
Je te promets de commencer la vie aujourd'hui à tes côtés dans le silence de ton regard qui révèle les paroles oubliées, dans les absences liées à cette maladie qui rendent nos rencontres si magiques, si précieuses.
La mémoire vive s'en est allée rejoindre le tréfond de ton âme pour se reposer pour laisser place à une éternité renouvelée à chaque seconde.
Il n'y a plus rien à prouver, plus d'objectifs, plus d'attentes, plus de croyances, plus de regrets car tout est neuf.
Merci de me ramener à l'humilité d'être vivante, à la joie de vibrer au jaillissement de nos coeurs d'enfants insouciants.
Il est temps de nous relever pour regarder ensemble le chant des oiseaux, pour entendre le bruissement des rayons de soleil, pour sentir la chaleur de nos mains qui se découvrent.
Où que tu sois,
je te rejoins, j'arrive.
À tout de suite, À maintenant, À tout jamais
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